Baisse des subventions publiques au sein du milieu associatif
Les associations françaises tirent la sonnette d’alarme. Le contexte inflationniste de 2022-2023 a fragilisé leur modèle économique, comme en témoigne la crise des Restos du Cœur. Depuis plusieurs années, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) alerte sur une tendance inquiétante : la baisse continue des subventions publiques. En 2025, cette situation atteint un point critique. Quelles solutions pour éviter l’effondrement du monde associatif ?

Un secteur en péril face à la baisse des subventions
Cette crise tire ses conséquences de l’application de principes inspirés du « new public management » qui tend à imposer des impératifs de rentabilité et de performance économique. Entre 2005 et 2020, la part des subventions a baissé de 41% dans le budget des associations au profit de logiques marchandes. Cela s’inscrit dans un contexte où le non lucratif et l’intérêt général sont en proie à une invisibilisation.
En 2024 Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a réuni des milliers de consultations d’associations, et de nombreuses auditions. Le CESE lance l’alerte pour une mobilisation globale en faveur du monde associatif et propose des solutions concrètes et partagées pour protéger la pérennité du secteur. À partir de cet état des lieux, le CESE propose 20 préconisations classées en trois sous-parties pour faire face à l’urgence et l’importance de renforcer le financement de la vie associative.
Que nous dit le CESE afin d’améliorer la situation budgétaire associative ?
Privilégier la subvention publique
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à une transformation urgente du financement des associations en France. Face à un paysage associatif affaibli par les méthodes de gestion axées sur la rentabilité immédiate, il exhorte les pouvoirs publics à renverser cette tendance et à privilégier le soutien par subventions publiques. Il propose par ailleurs de nouveaux leviers de financement ainsi que des simplifications administratives et un renouvellement de certains cadres de gouvernance.
Subventions plurianuelles
Pour répondre aux défis contemporains, le CESE propose d’adopter des subventions pluriannuelles, de mettre en œuvre des processus de sélection transparents et d’engager un partenariat renforcé avec le secteur privé. En optimisant également les ressources locales et en simplifiant les démarches administratives, ce changement pourrait alléger la charge bureaucratique qui freine souvent l’activité associative.
Renforcer l’autonomie
De plus, renforcer l’autonomie des associations est crucial pour préserver leur mission sociale sans influences indésirables. En soutenant ces structures essentielles à la démocratie, on affirme ainsi leur rôle fondamental dans la vie civique et citoyenne du pays.
L’importance de la pérennisation des associations
La pérennisation des associations, selon le CESE, constitue un choix sociétal majeur qui transcende la simple question économique. En soutenant ces entités, les pouvoirs publics investissent dans des espaces de dialogue et de solidarité essentiels au maintien d’une démocratie vivante. Cela aide à renforcer le tissu social et à construire un avenir plus inclusif en valorisant l’engagement citoyen.
Le CESE appelle également à revoir le financement des associations pour faire face aux défis contemporains. Un retour aux subventions publiques avec une approche flexible est essentiel pour mieux répondre aux réalités du terrain. La création de nouveaux leviers financiers diversifiés, tels que des partenariats durables entre les associations et les pouvoirs publics, pourrait améliorer l’efficacité des initiatives sociales. En parallèle, simplifier les démarches administratives allégerait leur charge bureaucratique, permettant ainsi aux acteurs associatifs de se concentrer sur leur mission essentielle : servir l’intérêt général et renforcer la cohésion sociale. L’enrichissement du cadre gouvernance favoriserait par ailleurs une représentation plus diverse lors de la prise de décisions stratégiques.
Limites du contexte associatif actuel
Malgré leur travail la situation reste compliquée dû à la forte baisse des subventions et un contexte national compliqué . Le 26 mai 2025 près de 1 an après l’alerte du CESE, Romain Bizeul décrit des situations préoccupantes en Centre-Val de Loire, au Planning Familial et dans le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (Cidff). De plus, le nombre de personnes vulnérables ne diminue pas.
« Nos accueils sont pleins, ça ne désemplit pas ! Ce n’est pas parce qu’on a moins de subventions que les gens ont moins besoin de nous« , alerte Monique Lemoine, coprésidente du Planning Familial du Loiret.
Cela crée un réel déséquilibre et peut dégrader les services pourvus. Les effectifs se réduisent et des situations de plus en plus intenables sur le long terme voient le jour. La santé mentale et physique du personnel peut être affectée ce qui impactera l’accompagnement des personnes vulnérables.
Quelles sont sont les autres alternatives pour les associations en 2025 ?
Face à ces restrictions budgétaires pour les associations, la mobilisation des citoyens apparaît comme une solution incontournable. La participation à des événements associatifs : organiser un loto, une tombola, un festival ou même une manifestation permet de générer des revenus tout en renforçant le lien social. Ces événements offrent non seulement une opportunité de récolter des fonds, mais également de rassembler la communauté autour d’une cause commune. Des études montrent que les événements locaux, lorsqu’ils sont bien organisés, peuvent augmenter la participation et les recettes de manière significative. Par exemple, certaines associations qui ont innové en proposant des animations interactives et des lots attractifs ont constaté une hausse de leur fréquentation de plus de 30 % et ceci en seulement quelques mois.
- Les partenariats et sponsoring
Impliquer des entreprises locales en échange d’une visibilité accrue peut être un levier efficace pour pallier les baisses de subventions. Les partenariats permettent d’allier les forces de l’association et du secteur privé, en créant des synergies bénéfiques pour les deux parties. De nombreuses entreprises, soucieuses de leur image et de leur engagement social, voient dans ces partenariats une opportunité de soutenir des initiatives locales tout en améliorant leur communication. Il est recommandé de créer des offres sur-mesure qui valorisent l’implication de chaque partenaire, comme la mise en avant du logo sur les supports de communication ou lors des événements eux-mêmes. - Le financement participatif et les dons
Le crowdfunding est devenu un outil incontournable pour les associations souhaitant collecter des fonds directement auprès du public. Le financement participatif est un mécanisme de financement innovant pour récolter des fonds auprès du public, le plus souvent via une plateforme Internet, en vue de financer un projet.
Selon un article de Entreprendre Service Public pour lancer sa campagne de crowdfunding, le porteur de projet a le choix entre 2 types de plateformes :
- Les plateformes généralistes permettent de financer tout type de projet en attirant un large public (ex : Ulule, KissKissBankBank, Kickstarter, Indiegogo)
- Les plateformes spécialisées permettent de cibler un public plus spécifique et qualifié, avec une meilleure connaissance du secteur d’activité (ex : Fundimmo, Homunity ou Wiseed pour les projets immobiliers ou Blue Bees pour les projets agricoles ou alimentaires, Tudigo ou Sowefund en matière d’investissement, Lendopolis et Enerfip pour les projets liés à la transition énergétique).
Cela peut permettre de créer un réseau de soutien durable en sollicitant des dons réguliers ou ponctuels. Cette méthode se doit d’être accompagnée d’une campagne de communication bien structurée, expliquant précisément l’impact des contributions sur les projets d’associations.
Le monde associatif incarne une richesse humaine et démocratique essentielle à la cohésion de notre société. Face à la raréfaction des subventions, les associations s’adaptent, innovent et s’engagent avec détermination. Mais elles ne peuvent porter seules ce fardeau. À travers les préconisations du CESE, les solutions alternatives citoyennes et le soutien des entreprises, c’est toute une mobilisation collective qui doit s’amorcer. Car soutenir les associations, c’est investir dans un avenir solidaire, inclusif et profondément humain.
Sources :
CESE, « Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique », Martin Bobel et Dominique Joseph, https://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/2024_09_financement_associations.pdf
France 3, « Baisses de subventions. « Si ça continue, cela va être dramatique » : Dans les associations, la situation se dégrade et menace les plus vulnérables » https://france3-regions.franceinfo.fr/centre-val-de-loire/loiret/orleans/baisses-de-subventions-si-ca-continue-cela-va-etre-dramatique-dans-les-associations-la-situation-se-degrade-et-menace-les-plus-vulnerables-3159333.html
Entreprendre.Service-Public.fr, « Crowdfunding ou financement participatif », https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F33957